« Swell-Baby »
De tes allures naturelles, j’ai voulu
Rendre tout le brillant dont elles étaient pourvues,
Et n’ai eu de cesse de voir les muscles du cou
Saillir, pour ôter de l’encolure le mou.
Sois toujours à mes moindres indications,
Aux ordres de tes justes inclinations,
Glissant du pas au trot jusqu’au galop sans heurt,
Et sans que jamais, tu n’éprouves quelque peur.
Me suis donné pour but de te mettre en valeur
Et il m’a fallu éprouver tant de chaleur
Témoin, ce que j’ai pu y laisser de sueur.
Honny sois-tu, si mal y penses, car de bon cœur,
Ornant tes mouvements par ne sais quelle grâce,
Doutes-tu que de faire fière ne lasse ?
Il se pourrait quelquefois que cela fatigue,
Quoique je me méfie de cet air mi-figue,
Une fois, allez, je veux bien m’y laisser prendre
En considérant ce qu’il te faut là, apprendre.
D’une main, te soulève et te rends plus légère,
Un joli port de tête et plus l’air d’une mégère,
Ne te crois pas faîtes que de sang et de chair.
Ce n’est pas suffisant et beaucoup reste à faire,
Hormis de ce que naturel, ne peux défaire.
En voulant te dresser, je ne veux te blesser,
Vrai, cela est faux, que je veuille te presser,
Arrive qu’arrive, c’est en allant quémander
Là, obéissance, que je peux commander.
De la détente souvent, encolure basse,
En avant, calme et droite, jamais ne te lasses.
Sois toujours sérieuse et toujours si rieuse
Et montre toujours tes allures grâcieuses,
Louanges que ta beauté rend à la vertu
Longtemps délaissée que tu n’avais point perdue
En vaines chevauchées, mais en veine du Maître.
Swell soit Baby ! Ton pas me ranime comme un
Whisky à tout ce qu’il y a de moins commun,
Excitant mon esprit et réchauffant mon corps
Lors d’une reprise dans l’aube rosissante,
Lorsque la ville, dans l’aurore, dort encore !
Baby soit Swell ! Et si encore je te hante,
Apprends que la marche est plus aisée qu’elle est lente.
Bondis quand je commande et sans que ton humeur
Y soit contrainte, ici, quand je le veux, sur l’heure !
(Acrostiche du titre du manuel : « Dressage méthodique du cheval de selle » par le Gal Faverot de Kerbrecht)
(Ecrit à Altkirch (Alsace), le 25 décembre 1972, par Michel Février)